La fête de la voie lactée (29.06.2007)

En regardant le ciel par une nuit sans nuages, vous pouvez apercevoir une traînée argentée formée d'une multitude d'étoiles. On l'appelle la voie lactée, kupo.
Arrêtez-vous quelques instants pour écouter une des légendes qui l'entourent, kupo !

* * *

Il y a très longtemps de cela, existait deux pays séparés par un immense fleuve. Celui situé à l'ouest était réputé pour sa production d'étoffes splendides. La fille de l'empereur de ce pays, Amdina, était notamment connue pour tisser des tapisseries d'une beauté inégalable. La précision et la délicatesse de ses motifs étaient telles que les nobles et les riches familles des quatre coins du monde s'empressaient auprès de l'empereur pour pouvoir admirer ces chefs-d'œuvre.

Par une chaude journée d'été, fatiguée d'avoir travaillé sans relâche à ses tapisseries, Amdina décida de se rendre en cachette sur les rives du fleuve frontalier pour se changer les idées.
Ayant passé toute sa vie au palais, le majestueux cours d'eau était une grande nouveauté pour la princesse. Oubliant l'heure, elle s'ébattait sur les bords du fleuve avec sa dame de compagnie lorsqu'elle aperçut une pie magnifique qui se reposait sur la berge. Bien qu'Amdina brodât souvent cet oiseau dans ses tapisseries, c'était la première fois qu'elle posait les yeux sur un spécimen vivant. Elle s'approcha pour mieux l'observer, mais l'oiseau ouvrit ses ailes et s'envola. Elle le suivit des yeux et le vit se poser gracieusement au côté d'un jeune homme à la peau brunie par le soleil, qui pêchait sur la rive opposée. Tout semblait indiquer qu'il lui était attaché.

C'était la première rencontre de la princesse avec un habitant du pays oriental. Le jeune homme, apercevant Amdina, lui fit signe de la main en souriant. Prise au dépourvu, la jeune fille se détourna et partit, laissant le fleuve derrière elle.

Après cette soirée-là, Amdina arrêta brusquement de tisser des tapisseries. Elle passait ses journées dans sa chambre à soupirer. L'empereur, inquiet pour sa fille, fit venir à son chevet les meilleurs médecins. Aucun d'entre eux cependant ne trouva la cause de sa mystérieuse maladie.
Seule la princesse savait que sa guérison ne pourrait se faire qu'en retournant au fleuve...

C'est ainsi qu'un soir, prétextant un malaise pour se retirer dans sa chambre, elle sortit une nouvelle fois en cachette du palais. Elle courut à en perdre haleine et arriva au fleuve à la nuit tombée. Les étoiles se reflétaient dans ses eaux sombres qui serpentaient paresseusement.

En s'avançant sur la berge, Amdina comprit enfin pourquoi cet endroit l'attirait si profondément. Une silhouette tenant une torche se tenait sur la rive opposée. A son côté, une pie... Le jeune homme était lui aussi venu.
Il commença à agiter lentement sa torche. La princesse savait qu'il devait lui être impossible de la voir, mais elle lui fit néanmoins signe de la main en réponse, de toutes ses forces, comme elle aurait aimé le faire le jour de leur première rencontre... Ayant enfin accompli ce qu'elle désirait, elle sourit au jeune homme puis se détourna pour rentrer au château.


Elle avait cependant à peine fait quelques pas que la pie se posait près d'elle. Une sorte de chiffon blanc était attaché à son cou. Lorsque la princesse le détacha, l'oiseau prit son vol en gazouillant, l'air satisfait. Ce qui avait semblé être un morceau de tissu se révéla du papyrus blanc plié soigneusement. En le dépliant, Amdina vit que des signes étranges étaient écrits verticalement. Sans en comprendre le sens, elle devina cependant de quoi il s'agissait.

"C'est une lettre de lui !", s'exclama-t-elle.

Une fois rentrée au château, impatiente de comprendre le contenu de la lettre, elle s'enferma dans la bibliothèque pour déchiffrer les signes un par un. Le soleil se leva sur une Amdina en larmes. Il s'agissait d'un émouvant poème d'amour.

A partir de ce jour-là, la princesse sortit en cachette toutes les nuits pour échanger, grâce à la pie, des poèmes avec le jeune homme. Au début, les amoureux les écrivaient dans leur langue maternelle. Mais comme le temps passait, ils apprirent à les composer dans celle de leur bien-aimé.

Mais leur bonheur ne devait pas durer.
Amdina avait repris la confection de ses tapisseries, mais la vitalité toute nouvelle de ses motifs avait rendu l'empereur soupçonneux. Il finit par interroger la dame de compagnie de sa fille et lui faire avouer toute l'histoire. Il chercha à savoir qui était le jeune inconnu et découvrit qu'il s'agissait de Yahiko, le fils de l'empereur du pays oriental, qui lui avait plus d'une fois fait mordre la poussière sur les champs de bataille.

La colère de l'empereur ne connut pas de bornes. Il enferma sa fille dans une tour du château pour mettre fin à ses sorties nocturnes. Il lui promit cependant de lui permettre de retourner une seule fois au fleuve si elle filait cent tapisseries...

"Aujourd'hui encore, il doit m'attendre sur la berge", se répétait-elle jour après jour, en filant sans relâche.


Mais le manque de sommeil et de nourriture finit par avoir raison de la santé de la jeune fille. Elle rendit son dernier souffle le matin du jour où elle acheva la centième tapisserie. Cette dernière représentait deux pies voletant joyeusement près d'un fleuve à la lumière des étoiles.

Une autre tragédie devait suivre.
Rejetant la faute de la mort de sa fille sur la nation orientale, l'empereur l'attaqua quelque mois plus tard. Yahiko, qui menait l'armée de son pays, fut tué par une flèche. Certains disent que la douleur causée par la perte de son amour l'avait rendu imprudent.

Les mois passèrent et les riverains orientaux du fleuve, ayant appris l'histoire tragique de leur prince, prirent l'habitude de planter des tiges de bambous sur la berge du fleuve, lorsque de chaudes journées se succédaient. Ils y attachaient des bandes de papier coloré sur lesquels étaient écrits des poèmes. Après quelques temps, les riverains occidentaux les imitèrent. Une célébration dépassant les rivalités nationales venait de naître.


Les rumeurs de cette fête finirent par parvenir aux oreilles de l'empereur. Furieux que son peuple participât à des festivités avec un pays ennemi, il chevaucha sur son plus rapide chocobo jusqu'à la frontière. Mais le spectacle qui s'étendait sous ses yeux lui coupa le souffle. Les branches d'une multitude de bambous se rejoignaient des deux côtés du fleuve, comme un pont reliant les deux pays.

L'empereur décida d'envoyer un émissaire pour proposer la paix. Et le libre passage entre les deux pays, une fois par an, fut accordé aux citoyens des deux nations.

* * *

Le fleuve de cette histoire finit par être remplacé par la "rivière du ciel", la voie lactée, et la légende se répandit un peu partout, kupo... De nos jours, plus personne ne se souvient de l'endroit où se trouvent le fleuve et les deux pays. Mais dans certaines régions du monde, on continue de célébrer "la fête de la voie lactée", kupo.

Voilà ! Le M.H.M.U. a décider de recréer cette "fête de la voie lactée", grâce aux informations données par les nomad moogles. Nous espérons que ce sera l'occasion pour nos amis aventuriers de renouer avec leurs vieilles connaissances, kupo !
Illustration by Mitsuhiro Arita


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